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1 commentaire(s)  💬

Quand l'IA fait de moi un "faux artiste"

Ou comment j'ai découvert que passer 20 heures à peaufiner un prompt était moins "authentique" que de copier-coller un sample trouvé en 5 minutes

Il y a quelques mois, je recevais une recommandation plutôt insistante pour adhérer à la SACEM et trouver un distributeur pour ma musique. Quelques semaines plus tard, surprise ! Deezer avait gentiment apposé une étiquette sur mes fiches d'albums. Pas "Artiste Émergent" ou "Talent Découverte", mais : "(i) Contenu généré par IA. Certains morceaux de cet album peuvent avoir été créés à l'aide de l'intelligence artificielle."


Merci Deezer. Vraiment. Comme si j'avais tenté de faire passer des nuggets congelés pour un coq au vin fait maison.

Le grand malentendu ou quand l'effort devient suspect

Voici le paradoxe délicieux dans lequel nous vivons. J'ai passé plus de temps à créer ma musique "IA" qu'à assembler mes projets de sampling traditionnels. Prompt engineering, séparation de pistes, masterisation, curation... Un processus qui demande des compétences techniques et une vision artistique précise. Mais aux yeux de l'algorithme détective de Deezer, je suis dans la même catégorie que le type qui génère 50 chansons par jour avec des titres comme "Relaxing Music #47398" pour farmer les playlists de café.

L'ironie ? Mes anciens projets, assemblés à partir de samples trouvés en quelques clics, passent pour du "fait maison authentique". Comme si découper des morceaux existants était plus créatif que de maîtriser une nouvelle technologie pour créer quelque chose d'original.

C'est comme si on reprochait à Monet d'utiliser des couleurs industrielles plutôt que de broyer ses pigments à la main.

L'histoire bégaie

Cette situation m'a poussé à creuser l'histoire de la musique. Et devinez quoi ? Nous avons déjà vécu ça. Plusieurs fois. À chaque fois qu'une nouvelle technologie débarque, l'industrie musicale réagit comme un chat devant un aspirateur robot.

Giorgio Moroder, le parrain de la disco électronique, s'est attiré de vives critiques pour son usage intensif des synthétiseurs. "Ce Moroder, chaque fois qu'il ne sait pas quoi faire, il utilise un synthétiseur", ironisaient certains. Mais loin de l'abandonner, il a continué à explorer cette voie, jusqu'à devenir aujourd'hui reconnu comme un véritable visionnaire.


Plus fort encore : en 1982, le syndicat britannique des musiciens a voté pour freiner l’usage des synthétiseurs dans certains contextes professionnels, histoire de protéger les “vrais” musiciens. Oui, vous avez bien lu. Freiner. Les synthés. Pendant 15 ans. Et pourtant, c’était le pic de popularité des synthés, avec des groupes comme Depeche Mode, New Order ou The Human League qui envahissaient les charts. La motion ne sera levée qu’en 1997 – l’année où débarquent les premiers instruments logiciels. Bref, le temps que le syndicat réalise, la révolution musicale avait déjà mis le feu aux platines.

Daniel Balavoine, lui, était un vrai punk technologique. Premier Français à utiliser massivement le Fairlight CMI (l'équivalent de 60 000€ aujourd'hui), il composait chez lui sur son ordinateur à écran tactile. Les puristes de l'époque grognaient déjà sur cette "déshumanisation" de la musique. Pendant ce temps, Balavoine créait des chefs-d'œuvre en révolutionnant silencieusement la production française.

La police de l'authenticité, nouvelle division spécialisée

Deezer mérite qu'on lui reconnaisse une chose ! Ils ont un vrai problème à résoudre. 20 000 titres générés par IA uploadés par jour sur leur plateforme, avec 70% d'écoutes frauduleuses. Face à cette marée de "Relaxing Piano #12847" et "Lofi Beats for Your Cat", il fallait bien faire quelque chose.

Leur système de détection, développé avec deux brevets, analyse les "signatures uniques" des générateurs. C'est techniquement impressionnant. Le problème ? Ça ne fait pas la différence entre le spam industriel et l'usage créatif.

C'est comme si la police de la route verbalisait autant les chauffeurs de taxi que les fous du volant, sous prétexte qu'ils utilisent tous les deux une voiture.

L'absurdité assumée de nos standards

Si on pousse la logique de Deezer jusqu'au bout, il faudrait étiqueter :

  • "Attention : cet artiste n'utilise pas de vrais instruments"
  • "Attention : cet album a été mastérisé par un ordinateur"
  • "Attention : ces paroles ont été écrites avec un stylo à bille"
  • "Attention : cette mélodie utilise la gamme tempérée 🙄"
Où s'arrête-t-on exactement ? Faut-il retourner aux tambours en peau de bête et aux flûtes en os pour être "authentique" ? 😅

Le syndrome du "c'était mieux avant" (version 2.0)

Ce qui me fascine, c'est que chaque génération redéfinit l'authenticité en fonction de ce qu'elle connaît. Pour mes grands-parents, la "vraie musique" s'arrêtait à l'orchestre symphonique. Pour mes parents, c'était le rock avec de vrais instruments. Pour moi, c'était... eh bien, apparemment tout sauf l'IA.

En 2040, les jeunes créateurs utiliseront probablement des IA quantiques en temps réel, et ricaneront devant nos "primitifs" Suno et Udio, comme nous rions aujourd'hui des premiers synthétiseurs Moog qui prenaient une pièce entière.

L'authenticité, c'est comme la mode : ça change tous les 20 ans, et ce qui était ringard redevient tendance.

La vraie question (spoiler : ce n'est pas l'outil)

Au-delà de la frustration personnelle, cette expérience soulève une question plus profonde : qu'est-ce qui fait la valeur d'une création ? L'outil utilisé ou le résultat obtenu ? Le temps passé ou l'émotion transmise ? La difficulté technique ou l'impact artistique ?

Si un sample trouvé en 2 minutes peut créer un chef-d'œuvre (coucou "Amen Break"), et qu'un prompt IA travaillé pendant des semaines peut produire quelque chose de profondément personnel... alors peut-être que le problème n'est pas dans l'outil, mais dans notre façon de juger la créativité.

Conseils de survie pour créateurs étiquetés

En attendant que l'histoire nous donne raison (patience, ça peut prendre 15 ans), voici quelques stratégies :

Documentez votre processus. Montrez les 47 versions de votre prompt, vos sessions de séparation de pistes, vos choix artistiques. L'authenticité, ça se prouve.

Embrassez l'étiquette. Certain·es vont même jusqu'à revendiquer l'usage d'IA dans leurs bio. "Fièrement créé avec assistance technologique", ça sonne déjà mieux que "possiblement généré".

Restez créatif·ve malgré tout. L'important n'est pas ce que pensent les algorithmes de détection, mais ce que ressentent vos auditeurs. Et eux, dans 95% des cas, ne distinguent même pas la différence.

L'épilogue (provisoire)

Cette étiquette sur ma fiche Deezer, aussi blessante soit-elle, m'a fait comprendre quelque chose d'important : nous vivons un moment historique. Dans 20 ans, on rira de cette époque où les plateformes marquaient la musique IA au fer rouge, comme on rit aujourd'hui des tentatives d'interdiction des synthétiseurs.

En attendant, je continue à créer. Avec mes prompts, mes samples, mes synthés, et tout ce qui me tombe sous la main. Parce qu'au final, l'art n'a jamais demandé la permission à la technologie pour exister.

Et si Deezer veut continuer à jouer au détective musical, libre à eux. Moi, je préfère jouer au créateur.



Commentaire(s)


De L4ino le 30-09-2025 à 23:30
en même temps eske deezer n'a pas raison ?



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